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Le bâtiment

Avant le Musée de l'Areuse: le stand de tir des Mousquetaires
1883: le bâtiment du Musée de l'Areuse
L'architecture

L'emplacement choisi: pas un hasard
Une restauration nécessaire (1996-2002)
Sous protection

Avant le Musée de l'Areuse: le stand de tir des Mousquetaires

Hébergé, durant les premières années de son existence, dans une salle du "collège des Filles" aux Vermondins, avec une extension postérieure dans le "collège des garçons" à la rue Louis-Favre, le Musée de l'Areuse se trouve à l'étroit, ployant sous l'avalanche de dons de toute nature.

Dès 1880, la Société du Musée de l'Areuse convoite un ancien stand de tir du 18e siècle, désaffecté. Pour conserver son musée qui est aussi sa fierté (ne renferme-t-il pas toute l'histoire de la région?), la Commune de Boudry, à l'unanimité, décide de céder gratuitement à la Société du Musée de l'Areuse le bâtiment de l'ancien stand de tir, épave désaffectée dans le terrain vague du Pré des Esserts, à l'entrée est de la ville. Elle ajoute 1200 m2 de terrain "pour l'établissement d'un jardin anglais", ainsi que le bois nécessaire aux transformations. Cette décision du 4 décembre 1882 va enfin donner au musée ce chez-soi bienvenu qu'il espérait tant.

L'ancien stand de tir appelle une remarque. L'acte de Donation entre vifs du 21 mars 1883 stipule que "cette propriété a été possédée par la Commune venderesse depuis un temps immémorial en ce qui concerne le terrain et le sol du bâtiment"; il ajoute: "Quant au bâtiment, il a été construit par la Compagnie des Mousquetaires de Boudry". Une hypothèse: un stand de tir occupait déjà cet emplacement depuis ce "temps immémorial", c'est-à-dire depuis 1587, quand la comtesse Marie de Bourbon, tutrice de Henri 1er de Longueville, son fils, finança à Boudry les exercices d'arquebuse, et ce faisant, donna le départ de la Société des Mousquetaires de Boudry; autorisés à porter leur arme pour s'entraîner, les mousquetaires ne durent-ils pas s'équiper tout de suite d'un stand?... Quoi qu'il en soit, il n'en demeure pas moins vrai que certaines parties de l'actuel édifice du musée remontent à 1751, lorsque le stand a été reconstruit en pierre. (Information extraite de la Revue historique neuchâteloise, N° 2, avril-juin 1997)

1883: Le bâtiment du Musée de l'Areuse

Le 24 février 1883, la société se donne de nouveaux statuts, pour pouvoir être inscrite au Registre fédéral du Commerce en qualité d'oeuvre d'utilité publique. Ainsi, tout est paré pour la construction du bâtiment. Un premier projet de l'architecte A. Maurer est repoussé pour des raisons financières. Et c'est un jeune sociétaire, l'architecte Eugène Colomb, s'engageant à réaliser la construction à forfait, qui va en dresser les plans et en diriger les travaux. Il remployera les murs du stand, tout en ajoutant un étage et en perçant de nouvelles ouvertures.

Dans une lettre du 23 août 1884, l'architecte annonce que "les travaux sont entièrement terminés". Il en aura coûté la somme de Fr. 11'452,95 à la société, y compris les frais d'aménagement intérieur, - dette qui sera totalement remboursée en 1903.

L'architecture

L'architecture se veut belle plus encore que seulement fonctionnelle. Les subtiles proportions de l'ensemble, les couleurs, légères et fines des crépis, le jeu des trois hautes fenêtres voûtées de la façade principale avec celles de la façade orientale, tout vient attester l'intention esthétique de l'architecte, Eugène Colomb, autant que sa volonté de livrer au patrimoine un monument, modeste certes, mais représentatif d'un temps et d'une société.

De plan et de volume compacts, le bâtiment n'affiche pas clairement sa fonction culturelle, hormis l'inscription "musée" et les deux fûts de canon flanquant la porte. Une subtile polychromie structure par contre les façades, l'architecte ayant largement exploité la couleur et la texture des différents matériaux: revêtement de ciment, maçonnerie crêpie, brique rouge, pierre blanche, fonte et bois verni.


Si le Musée de l'Areuse paraît figé dans son état original, le bâtiment a néanmoins subi quelques interventions et en particulier sa façade ouest qui a été réparée en 1888 déjà, puis démolie et reconstruite en 1923. A cette date, les piliers de briques et les colonnettes en fonte sur lesquels reposait la galerie sont remplacés par des supports en béton armé, de façon à assurer la stabilité de l'édifice, mais aux dépens de l'apparence originale de l'édifice. A l'occasion de la restauration entreprise entre 1996 et 2002, cette galerie a du reste été supprimée et remplacée par des vitrines extérieures (créateur: Michel Tanner, architecte).

L'emplacement choisi: pas un hasard

L'emplacement même du bâtiment est signifiant: on a choisi le Pré des Esserts, c'est-à-dire un site d'élection où étaient organisées les grandes fêtes populaires et où musardaient les Boudrysans durant leurs loisirs, - le lieu social et festif par excellence.

Premier élément structurant du bourg, le Musée de l'Areuse en marquait l'entrée - à l'instar des portes médiévales. C'était le bâtiment de tête, celui qui s'offrait comme la carte de visite de Boudry. Le voyageur en provenance de Neuchâtel remarquait à peine les quelques rares maisons disséminées aux abords de la voie d'accès: éléments fortuits d'une banlieue sans projet. Avec le bâtiment du musée, en revanche, le signal urbain était donné. Passé ce repère, la route de la Plaine - aujourd'hui, l'avenue du Collège - déployait ses deux rangées de maisons mitoyennes qui conduisaient au centre du bourg lui-même; de là la rue "Principale" montait jusqu'au château, tandis que la rue "des Moulins" longeait l'Areuse jusqu'aux "Fabriques". Le bâtiment du Musée de l'Areuse participe donc du site historique de Boudry, quand bien même, datant de 1884, il n'en est pas contemporain.

Une restauration nécessaire (1996-2002)

Il est toujours opportun de questionner un monument, de lui constituer une sorte d'état civil, le plus complet possible. A cet exercice, le monument qui nous intéresse gagne tout particulièrement une silhouette remarquable; il devient une présence riche de sens - ce qui nous apparaît de manière éclatante depuis le Rapport minutieux et désormais incontournable qu'a établi M. Michel Muttner (Michel Muttner: Musée de l'Areuse. Rapport de sondages et d'investigations des façades du bâtiment. Dossier photocopié, établi "à la requête de M. Jacques Bujard, conservateur cantonal du Service de la Protection des Monuments et des Sites, Neuchâtel", 1996).

Rénovation du bâtiment

Architecte: Michel Tanner

Quelques décennies et quelques projets inaboutis plus tard, la volonté de revaloriser et de restaurer le Musée de l'Areuse anime la Société du même nom et bénéficie du soutien de la Confédération, du canton, de la commune et de nombreux donateurs.

L'essentiel de la distribution intérieure du bâtiment a été conservé, mais les exigences d'un musée vivant et moderne sont néanmoins prises en considération par la création d'une vaste salle d'exposition temporaire au rez-de-chaussée, en lieu et place de l'appartement du concierge. La présentation actuelle de la grande salle d'exposition du premier étage (exposition permanente) ne s'écarte guère de l'aménagement initial et de l'esprit encyclopédique qui avait présidé à la création du musée. Les responsables successifs ont en effet respecté l'idée d'exposer un maximum d'objets selon une disposition qui permet d'embrasser d'un seul coup d'oeil la richesse et la diversité des collections.

Sous protection

C'est dans un bâtiment spécifique que les pionniers de la seconde moitié du dix-neuvième siècle installent les collections, et non pas dans quelque lieu de bonne volonté, mais hybride et inadapté, comme les combles d'une école ou d'autres endroits de la même farine. Le fait est notable, assez rare pour qu'il soit relevé. D'autant plus que les autres musées régionaux construits en Suisse à cette époque, pour relayer les "cabinets de curiosités", ont tous disparu aujourd'hui. Seul celui de Boudry a survécu, et peut témoigner in situ de la façon dont on concevait à l'origine un musée régional, ses collections, le classement de ses pièces, sa muséographie, etc.

C'est pourquoi, depuis le 2 avril 1997, le Musée de l'Areuse est reconnu comme un bien du patrimoine cantonal. A cette date, en effet, le Conseil d'Etat de la République et Canton de Neuchâtel décidait son classement, en mettant sous protection "l'ensemble de l'immeuble, le mobilier, les collections présentées dans la salle du premier étage du Musée, ainsi que la présentation actuelle de cette salle".

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© Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
mise à jour: 23 janvier, 2004