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L'aventure du théâtre dans le canton de Neuchâtel

par Jacques Ramseyer, professeur d'histoire et de français
au Lycée Jean Piaget, co-auteur du livre "En scène"

11 mai 2011

Pierre-Henri Béguin introduit la veillée en rappelant que les trois coups déclenchent l’ouverture du rideau. Alors, apparaît le premier acteur. Applaudissement! Et le personnage se met à déclamer.

Aujourd’hui, c’est différent. Comment nous le savons? C’est parce qu’en octobre 2010 est paru le livre «En scène», dans les Cahiers de l’Institut Neuchâtelois. C’est un livre collectif.
Jacques Ramseyer, professeur au Lycée Jean-Piaget, enseigne l’histoire et le français. Il en est un des auteurs.

Le Président remercie doublement Jacques Ramseyer d’être ici ce soir, malgré la concurrence de Xamax! Et aussi parce qu’il met le Musée de l’Areuse dans le coup!


Jacques Ramseyer précise que ce qui a remplacé le lever de rideau, ce sont les éclairages. On baisse la lumière aujourd’hui.
Pour ce soir, il a imaginé une pièce en 5 actes:
- D’abord un tour d’horizon général sur le théâtre, puis
- Acte 1: Les principaux théâtres dans le Canton
- Acte 2: Entre 1930 et 1960
- Acte 3: Le TPR
- Acte 4: Théâtres amateurs
- Acte 5: Scènes théâtrales d’aujourd’hui

Tour d'horizon
Qu’est-ce que le théâtre? Une curiosité? Des émotions? Des coups de coeur ou de sang?
C’est d’abord une histoire. Toutes les grandes civilisations ont connu le théâtre. Pour la nôtre, cela commence en Grèce au 5e siècle av. J-C.
Par la suite, il y a deux formes de théâtre: le théâtre populaire et le théâtre religieux.
Des pièces vont être créées sur le parvis des églises: les miracles et les mystères. Ensuite, le théâtre s’émancipe de l’Eglise parce que l’Eglise n’aime pas les pièces qui ne sont pas religieuses.
Au 16e siècle, la Renaissance remet à la mode l’Antiquité. Le théâtre devient l’art majeur de la littérature. Le théâtre devient prestigieux.
L’Eglise le condamne.
Rousseau ne l’aime pas.

Le théâtre se diversifie, épouse plusieurs genres. Théâtre élisabéthain – Comedia del’Arte.
Au 19e siècle, émergent le théâtre de boulevard, le théâtre de l’absurde, le théâtre de critique sociale.

Ce qui est intéressant dans le théâtre, c’est que ça nous ramène toujours à nous-mêmes. «Le monde est un théâtre où chacun de nous est obligé de jouer un rôle.»
(W. Shakespeare)


Acte 1 - Les principaux théâtres dans le canton
Dans le canton de Neuchâtel, tout commence devant la Collégiale, avec le jeu des Trois Rois.
Trois compagnies ont été autorisées à s’installer quelques jours à Neuchâtel.
Mais les troupes ambulantes n’étaient pas autorisées à s’installer.

 


A Neuchâtel, en 1766, on joue du théâtre dans une baraque en bois au Faubourg de l’Hôpital.
La petite annexe construire pour jouer du théâtre en 1821 disparaît à la fin du 19e siècle (à côté du bâtiment de l'actuelle Banque Valliant).
La Maison du Théâtre est construite en 1769.

Ce sont les aristocrates qui jouent du théâtre.

Isabelle de Charrière a écrit 26 pièces de théâtre.

Dans les Montagnes, les bonnes familles jouent du théâtre. Par exemple à La Grognerie (actuel Café du Petit-Paris).

     

La Chaux-de-Fonds:
le Casino-Théâtre


Programme 1891-92

En 1837, alors que La Chaux-de-Fonds compte 8000 habitants, s'ouvre son théâtre offrant 900 places (L’Heure Bleue aujourd’hui). Il s’appelait alors Casino-Théâtre. C’est le seul théâtre à l’italienne qui reste encore en Suisse, avec celui de Bellinzone. On joue à La Chaux-de-Fonds des pièces en «bon langage», alors qu’on parle encore beaucoup le patois.

Le Messager Boiteux de 1851, très conservateur, s'interroge: «Même dans les villes on abandonne la comédie. Etait-ce bien nécessaire de l’introduire dans la nôtre?»

20.11.1877: Le Préfet de La Chaux-de-Fonds se plaint d’une représentation où on a dansé le french-cancan dans le théâtre.

 
Acte 2 - Entre 1930 et 1960
Comment se pratique le théâtre sous la République (1948-1960)? Le rôle du souffleur est fondamental parce qu’on joue une pièce une seule fois et on joue trois fois par semaine avec les mêmes comédiens. On joue des pièces à la mode à Paris, très peu de classiques.

Le Conseil général de La Chaux-de-Fonds a décidé d’allouer 2'500.- francs pour la saison de théâtre.

Le public, devenu plus exigeant, les troupes permanentes vont disparaître en faveur des tournées. Les Galas Karsenty naissent après la deuxième guerre. Les gens achètent des abonnements pour voir quatre à six pièces qui ont du succès à Paris. Les théâtres doivent fournir quelques figurants parce qu’il n’y a que les vedettes qui se déplacent.

Au début du 20e siècle, les théâtres de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel servaient aussi de cinéma.

Naissance de la mise en scène: auparavant, l’auteur faisait la mise en scène et il était souvent acteur, ou il y avait un régisseur de plateau, ou l’acteur vedette dictait ses conditions. Jean Kiehl va introduire la mise en scène dans le Canton.

Théâtre du Locle: la ville n’avait pas l’argent pour le construire. Des notables ont souscrit des parts, remboursées par la municipalité en 36 ans.


Construction d’un théâtre (à droite les Bains du Crêt) à l'emplacement aujourd’hui de l’Ecole de Commerce (Lycée Jean Piaget).

 
  
1939: Les tournées Karsenty s’arrêtent. Des troupes suisses viennent à Neuchâtel. En 1941, On y accueille même Louis Jouvet. Il vient en Suisse parce que la censure allemande voulait l’obliger à jouer Goethe et Schiller.
     
Festspiel: Cinquantenaire de la République neuchâteloise. Pièce historique de Philippe Godet. 600 acteurs et figurants + 500 chanteurs. 11 tableaux.
 
Acte 3 - Le TPR
En 1961, Bernard Liègme est à l’origine du TPR (ici avec Charles Joris). Joris vient de terminer sa formation à Strasbourg.

Il reprend le TPR après un premier fiasco. C’est une aventure de 40 ans. 90 spectacles sous Charles Joris.

 

Début dans une grange à Chez-le-Bart.

 


Cette année, le TPR fêtera ses 50 ans!


1983 emménagement à Beausite à La Chaux-de-Fonds.
 

Acte 4 - Théâtres amateurs
Le théâtre amateur est d’abord une passion. La joie d’être sur le plateau. C’est aussi une liberté. C’est monter ce qu’on veut, avec qui on veut, sans être soumis à un budget. C’est un esprit collectif: on fait le décor, on repasse les costumes, ... L’esprit du théâtre naît souvent à l’école. Souvent, les troupes amateurs ont un metteur en scène professionnel.

Dans le canton, on compte 25 troupes amateurs affiliées à la Fédération suisse et 4 non affiliées, soit une troupe amateur pour 6000 habitants. Quelques exemples: Boudry (Les Amis de la Scène), Bevaix (Les Baladins), Cortaillod (La Claque).

Parfois, les troupes amateurs créent des spectacles. Par exemple, les Baladins qui ont créé en 2009, pour leurs 10 ans d'existence, une pièce intitulée L’Estrogateur.
 

Acte 5 - Scènes théâtrales d'aujourd'hui
Le canton de Neuchâtel compte quatre troupes professionnelles, mais aucune n'est une troupe permanente:

- Arc en Scène (Heure Bleue) à La Chaux-de-Fonds
- Théâtre Populaire Romand (TPR) à La Chaux-de-Fonds
- La troupe du Théâtre du Passage à Neuchâtel
- Le Théâtre de la Poudrière à Neuchâtel


 

En scène! Livre paru en octobre 2010, Cahiers de l'Institut Neuchâtelois
 

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© Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
mise à jour: 8 août, 2011