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Le Laténium - notre passé dans l'avenir
par Marc-Antoine Kaeser

 

27 août 2008

Pierre-Henri Béguin, président de la société du Musée de l’Areuse, salue le nombreux public et l’orateur du soir.

Il précise que la préhistoire, c’est ce qui se passe avant l’histoire, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas écrit. C’est donc une période qu’on ne connaît pas.

Il présente Marc-Antoine Kaeser qui va certainement contredire cela. Il est le nouveau directeur du Laténium, professeur associé à l’Institut d’achéologie. Il a apporté son talent dans plusieurs musées: le Musée de Lausanne et encore le Musée de l’Areuse, où une précieuse collaboration avec M. Kaeser a permis d’identifier des monnaies romaines.

Marc-Antoine Kaeser apprécie que le travail de conservateur de musée couvre de la théorie à la pratique. Il souligne que le Laténium est le plus grand, le plus moderne, le plus magnifique, ce qu'il doit à trois facteurs en particulier:

 

Histoire de la recherche. Depuis le milieu du 19e siècle, il règne une grande préoccupation pour le soin du patrimoine régional. En tête, Edouard Desor, Paul Vouga, entre autres. Des explorations archéologiques sont organisées sans relâche. Nous avons ainsi une riche collection cohérente, malgré une superficie réduite du territoire.

Michel Egloff. Il a en quelque sort incarné l'archéologie en terre neuchâteloise pendant des décennies.

L’autoroute. La construction de l'autoroute a drainé pour la recherche archéologique des fonds ahurissants, en particulier dès 1980, manne qui sera épuisée dans un horizon d’environ 4 ans.

Les fouilles autoroutières ont considérablement augmenté nos collections. Avant: 5'000 pièces. Maintenant: 500'000 pièces (bien sûr, pas toutes aussi spectaculaires que les 5'000 premières).

Les vestiges ont été concentrés sur la bande de terrain entre le lac et la montagne. Ce terrain avait attiré les sociétés humaines. Et c’est aussi là que passe l’autoroute, ce qui est particulier à Neuchâtel. Parce qu’il y a des autoroutes partout, mais il n’y avait pas cette constellation partout.
 

 

Le parc qui entoure le bâtiment a une surface de 2 ½ hectares et présente des reconstitutions de témoignages et de paysages. Ce qui intéresse aussi les historiens-archéologues, c’est la nature, les écosystèmes. Le lac n’arrête pas de varier de niveau. Ainsi, le comportement des sociétés a dû s’adapter à cette modification du rivage.

L’étang piscicole se situe à environ 2,70 m au-dessus du niveau du lac actuel. Il permet d'imaginer le niveau du lac avant la correction des eaux du Jura. Depuis le bord de l’étang, on devine à quoi ressemblaient le lac et ses rivages à l’époque des découvertes archéologiques.

Le métier de conservateur
C’est une activité qui se caractérise par son caractère multiforme, donc très difficile à définir. Il implique tout une série d’activités diverses, par exemple, comme il y a un café il faut se préoccuper de la restauration des visiteurs. Comme il y a une boutique il faut savoir vendre. Comme il y a des visiteurs, il faut les accueillir. Et comme il y a de l'enseignement à l'Institut d'archéologie il y a une activité pédagogique. Mais, quand on fabrique une exposition, il y a des travaux de menuiserie, d’éclairage, de graphisme, de publicité à gérer. Sans oublier l’inventaire des collections et la tenue à jour des collections avec l’apport des fouilles. Et la recherche.

Un musée, entre la science et le public
C’est extrêmement important de maintenir le musée vivant. Les tâches du musée ne consistent pas seulement en monter et montrer des expositions. Ce n’est que la partie émergée. Pour pouvoir monter une exposition, il faut que tout le reste tourne: travail de documentation, de réflexion… C’est aussi le seul moyen d’éviter de se retrouver propulsé dans ce à quoi tout nous mène dans la société d’aujourd’hui, c’est-à-dire d’alimenter la société de consommation en consommant une exposition comme on consomme un film ou n’importe quel autre produit. Mais il faut garder les pieds ancrés dans la fidélité à la mission originelle du musée, c’est-à-dire la préservation du patrimoine abrité par le musée.

Un musée prend la connaissance émanant des savants, la digère, la filtre et en fait quelque chose de buvable, d’un peu moins rébarbatif pour le public. Le musée est donc celui qui prend les travaux des savants, qui les triture et les sert au public. On peut aussi considérer que le public a des attentes et des besoins et qu’il faut en tenir compte. Pour cela, on se tourne vers les savants et le savoir et on prend ce qu’on imagine que le public attend. C’est tout aussi néfaste ... et en fait personne ne sait qui est le public.

Le musée a une vie propre. Il se place entre le public et la connaissance. Il va s’alimenter des deux côtés pour créer quelque chose. Nous ne sommes pas là pour apporter des réponses aux questions du public. Pour cela, il y a Internet. Le musée est là aussi pour répondre à des questions que peut-être le public ne s’est pas encore formulé. Et donc, d’une manière générale, la culture. Il ne faut pas seulement répondre, il faut créer. Le musée est indépendant par rapport à la société et à la science.

Comment fait-on une exposition?
C’est la conciliation entre les idées et un nombre de contraintes phénoménal. Des contraintes liées aux collections (on ne peut pas dire certaines choses parce qu’on n’a pas les pièces), à l’éclairage (trop lourd, trop léger, pas de prise électrique à cet endroit), à la publicité, à la technique, aux documents qu’on va utiliser. Donc, il faut adapter quantité de choses.
Le fait de contourner les contraintes nous oblige à développer des idées.

Dans un grand musée comme le Laténium, on a la chance d’avoir une grande équipe de spécialistes qui apportent leurs idées. Réaliser les idées, qu’elles soient soumises aux contraintes et se heurtent aux écueils, c’est une autre façon de faire de la recherche.


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© Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
mise à jour: 29 mars, 2009