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Assemblée générale 2011: mercredi 9 mars 2011


Pierre-Henri Béguin, Président du Musée de l'Areuse, ouvre l'assemblée générale et salue la présence de:

- Yannick Braghini, Président du Conseil général de Boudry
- Denis Pellaux, représentant le Conseil communal de Bevaix

- Blaise Geiser, Président de la Commission Sport, Loisirs et Culture
- Olivier Girardbille, Archiviste communal, Neuchâtel

Se sont excusés:
- Raoul Lembwadio, Président de la commune de Boudry
- Christian Berger, Pierre Favre, notamment.

Rapport du Président du Musée de l'Areuse:
L'année 2010 a été riche en activités puisque le Musée de l'Areuse a offert à son fidèle public trois veillées, la traditionnelle fête du 1er avril marquant la réouverture du Musée après la pause hivernale et la conférence qui va suivre cette assemblée générale.

Le Président du Musée souligne qu'à l’origine, le Musée de l’Areuse appartenait à trois communes: Bevaix, Boudry et Cortaillod, trois communes qui sont en phase de fusion actuellement.


Bibliothèque:
L'inventaire des livres se poursuit et la restauration des livres commence, dans la limite des moyens financiers du Musée. Quatre livres ont été apportés à un relieur. La restauration de livres est très chère. Par exemple, un seul livre a coûté CHF 1'690.-. La collection de parchemins du Musée de l'Areuse est riche d'une cinquantaine d'exemplaires. Ils ont été décryptés et dûment identifiés au moyen d'un tampon spécial que le Musée a dû acquérir. La transcription de ces parchemins sur disquettes est en cours.

Programme de la saison 2011:
La traditionnelle cérémonie de réouverture du Musée, avec inauguration d'une statue farfelue, aura lieu le 1er avril à 18 heures. C'est aussi l'occasion de vernir le nouvelle exposition temporaire.

Le Musée d’art et d’histoire prépare une exposition pour 2013 sur Neuchâtel vers 1800. Plusieurs objets ont été empruntés au Musée de l’Areuse.

La façade ouest a été restaurée et un nouveau système de clé d’entrée dans le Musée est planifié (digicode).

Message du représentant des autorités communales de Boudry:
Le Président du Musée de l'Areuse passe la parole à Yannick Braghini, Président du Conseil général de Boudry. Celui-ci remercie l'équipe du Musée pour tout le travail effectué. Il souligne que cela représente un grand investissement, étant donné que le temps est précieux. Il relève qu'un musée régional est important pour connaître sa région. Dans les écoles, on nous apprend une culture plutôt mondiale, mais ces musées régionaux constitue un apport énorme. Il remercie le Président du Musée au nom des autorités communales.

 

Conférence publique

5 bonheurs et 5 malheurs qui ont marqué Neuchâtel
par Olivier Girardbille, Archiviste communal, Neuchâtel.
   
Olivier Girardbille

Olivier Girardbille souligne qu'en cette année au cours de laquelle nous célébrons le Millénaire de la ville de Neuchâtel il a choisi de retracer son histoire au travers de cinq événements heureux et cinq événements malheureux.

Mais il se déclare bien conscient que la plupart d'entre eux peuvent être considérés tant comme heureux que comme malheureux, suivant du point de vue auquel on se place et le moment de l'histoire que nous choisissons. Bonheur d'aujourd'hui, malheur d'hier... et vice-versa!

 

 

 

Bonheur: Acte de donation de Rodolphe III de Bourgogne, dit Le Fainéant.
Le 24 avril 1011, Rodolphe III donne par amour Neuchâtel à sa femme Irmengarde. Par chance, Novum Castellum est attesté être vraiment notre Neuchâtel par la présence de deux places à ses côtés: Averniacum (Auvernier) et Arena (Saint-Blaise).
Sur l’acte, on distingue la marque d'un deuxième sceau. Il s'agit en fait seulement l'empreinte du sceau existant marquée lorsque l’acte a été plié.

Cet acte se trouve aux Archives départementales de l’Isère à Grenoble et sera exposé pendant un mois seulement au Musée d’art de d’histoire de Neuchâtel.
On sait qu’à ce moment-là Neuchâtel était un cheffement, c’est-à-dire une entité administrative d’un domaine royal. Neuchâtel devient ensuite le site principal. Neuchâtel était un site fortifié.
On ne sait en revanche pas à quoi ressemblaient à cette époque Auvernier et Saint-Blaise.
Le premier palais (lieu de gestion) de la région était le Château de Colombier. A l’époque, c’était un palais romain et comportait peut-être un bâtiment officiel administratif et quelques maisons.

 


Bonheur: Charte de Franchises du 16 avril 1214.
Avant cette charte, on ne possédait rien, on ne pouvait rien transmettre à ses enfants. On était taillable et corvéable à merci. Avec cette charte, on peut obtenir la mainmorte, c'est-à-dire léguer quelque chose aux enfants. On aura aussi le droit de tenir marché.

La ville sera enserrée dans des murailles (un village n’est jamais enserré par des murailles). On se doute qu’il y avait une église antérieure à la Collégiale.
C’est beaucoup plus tard que le siège administratif a été établi dans le Château.
Une charte de franchises existe à maints endroits. Une ville peut être créée par un évêque, un seigneur, un empereur, un roi. Neuchâtel est une ville seigneuriale. Neuchâtel vivra dans l’ombre de son seigneur.

 

Malheur: Incendie du 20 octobre 1450.
L’incendie serait parti de l’hôpital (bâtiment à l’extrême pointe en bas en droite). A l’époque, le bois domine et les maisons sont mitoyennes. L’incendie est monté jusqu’au château, a touché la toiture de la Collégiale. La galerie du château, construite en bois sous Conrad de Fribourg, a été endommagée. La galerie qui porte les armoiries des cantons a été construite en 1488.
La plupart des archives de la ville ont été détruites, notamment les rapports du Conseil. Seules quelques pièces ont pu être sauvées (elles devaient se trouver dans l'une des 13 maisons épargnées).

En 1434, le feu avait déjà détruit toute la partie entre la Tour de l’Hôpital et le Seyon.
Dans les incendies, les réserves de nourriture sont également détruites. L’incendie est dévastateur tant par le feu que par l’eau.

 

Malheur: Inondation du 8 octobre 1579.
Le Seyon a toujours été très capricieux. En été, c’est une pissotière, mais en cas de forte pluie, il devient torrentiel.
Ce 8 octobre, il a déjà fait des dégâts au Val-de-Ruz. Il semble qu’il y ait eu un barrage formé de certains matériaux.
Au Râteau (situé au nord de l'actuelle rue du Seyon), ces éléments créent un nouveau bouchon. Quand le bouchon cède, une vague de plusieurs mètres se forme et charrie les matériaux accumulés qui provoqueront des dégâts sur leur passage.

Cette vague a emporté le Grand-Pont, c’est-à-dire le Pont de la Poste, et inonde tout le secteur. Treize personnes sont tuées, ainsi que 60-70 bestiaux. Le fait que les bords du Seyon n’étaient pas maçonnés a permis aux flots de ronger les soubassements des maisons et une partie des maisons vont s’écrouler parce que leurs fondations sont endommagées par l’inondation.
La Tour de l’Ecluse et l’Hôtel-de-Ville vont être emportés... et donc les archives vont à nouveau disparaître.
En 1579, la partie plane de la ville s’est retrouvée sous un mètre d’eau.
L’écluse est un bâtard d’eau permettant de dévier l’eau vers les moulins. Lors de l’inondation de 1750, le bouchon se forma à cette hauteur.

 

Bonheur: L'avènement du Roi de Prusse, 9 novembre 1707.
C’est un bonheur qui peut être considéré comme un malheur par la suite. Pour trouver un successeur à Marie de Nemours, restée sans enfant, la ville a le droit et le pouvoir - pour garantir une certaine sécurité - de choisir son maître. Neuchâtel ayant vécu la Réforme sous Guillaume Farel, il faut que son maître soit protestant. De plus, s’il pouvait ne pas mettre son nez de trop près dans nos affaires, ce serait bien.

Berne soutient la candidature du Roi de Prusse pour éviter que Louis XIV ne prenne pied dans le Plateau suisse. Pour Berne, Neuchâtel est un tampon important.
En plus, le Roi de Prusse garantissait le maintien de toutes les franchises et coutumes.

 

Malheur: Assassinat de Claude Gaudot, 25 avril 1768.
Claude Gaudot, bourgeois de Neuchâtel, devient avocat général du Roi (procureur). Il défend les intérêts du Roi, en défenseur très zélé des décisions du Roi.
Berne va reconnaître au Roi le droit de gérer sa communauté contre l’avis émis par le peuple.
Mais, le peuple monte aux crénaux contre la modification des systèmes de perception des impôts.
Gaudot habite à la Grand-Rue (actuellement maison peinte en rose).
Excédée, la foule se réunit devant son domicile. Les grenadiers prennent fait et cause pour les insurgés. Lorsqu'il rentre à son domicile, les insurgés massacrent Gaudot.

Frédéric II, Roi de Prusse, prend la chose assez mal. Il semble qu’il ait dit que les Neuchâtelois devraient finir aux enfers.
Tout l’exécutif de la ville a dû monter au Château pour s’excuser. La Ville a dû payer une rente à la veuve de Gaudot, ainsi que 67'000 livres pour réparer les dégâts.

 

Bonheur: Testament de David de Pury, 30 janvier 1777 - 22 mai 1786.
David de Pury institue la ville de Neuchâtel héritière de la plus grande partie de sa fortune.
Le legs s’élève à 3'940'000 francs de l’époque soit approximativement entre 160 et 210'000'000 de nos francs d’aujourd’hui.
Le legs doit être utilisé ainsi: une moitié pour des oeuvres d’édilité (bâtiments, embellissement de la ville) et l'autre moitié pour des oeuvres caritatives.

Avec ce legs, la ville a construit:
- l’Hôtel-de-Ville
- la Bibliothèque publique et universitaire
- le Collège des filles (aujourd’hui Musée d’histoire naturelle). On a aussi détourné le Seyon. Et bien d'autres choses encore.

Sans la donation de David de Pury, beaucoup de bâtiments n’auraient pas été réalisés.
Jusqu’en 1864, la loi sur les communes décrètes que les anciens fonds des ressortissants (bourgeois originaires de Neuchâtel) doivent être incorporés à la fortune de la ville.

Pour la petite histoire, David de Pury a fait deux fois faillite et a remonté son commerce... chaque fois plus haut!

 

Malheur: Contre-révolution.
Le siège du pouvoir étant au Château, la contre-révolution se passe à Neuchâtel. Les autorités tardaient à prendre une position claire. Cet attentisme ne va pas échapper aux autorités radicales. Décision est prise de suspendre le Conseil le 6 septembre 1856. L’événement de 1856 va précipiter la création de la municipalité.
Il y aura deux instances qui vont gérer la ville pendant 25 ans environ. La municipalité, qui a à charge tous les travaux d’édilité (donc les dépenses). La bourgeoisie, qui conserve la succession de Pury et ses revenus! La municipalité n’ayant pas de revenus, elle va introduire les impôts communaux... qui existent encore aujourd’hui.
En 1888, le Conseil d’Etat décide de dissoudre la bourgeoisie de Neuchâtel.

 

Bonheur: Fusion entre Neuchâtel et La Coudre, 31 décembre 1929.
Le centre de La Coudre se situait au carrefour entre l'ancienne Vy-d’Etra (actuellement rue de La Dîme) et Le Châble.
La commune de La Coudre disposait de beaucoup de terrains non construits, ce qui arrange Neuchâtel qui se trouve à l’étroit entre le lac et Chaumont.
Pourtant, l’initiative revient à Hauterive. Hauterive n’a pas assez d’eau et un conduit l’alimente depuis Neuchâtel, ce qui revient très cher à une petite commune comme Hauterive. Elle imagine donc que si elle fusionnait avec La Coudre (et Neuchâtel, elle n’aurait plus rien à payer!

D'autant plus que d’ici quelques années, il faudra aussi amener l’électricité et que Neuchâtel avait déjà une usine électrique. Mais cela ne se fera pas. C’était dans les premières années de 1900. Plusieurs autres tentatives qui n’aboutissent pas non plus.
Une initiative populaire passe en 1928. Pas d’objection, pas de référendum à Neuchâtel. Donc, pas de vote. Mais on vote à La Coudre. C’est une fusion par absorption.
Sans cette fusion, à quoi ressemblerait Neuchâtel aujourd’hui?
C’est la seule fusion du XXe siècle dans le canton de Neuchâtel. Il y en a eu au XIXe siècle parce que les communes devaient subvenir à leurs indigents, ce qui a mis beaucoup de très petites communes sur les genoux et dans l’obligation de fusionner avec de plus grandes communes.

 

Malheur: Arrasement de la Colline du Crêt.
Depuis 1757, la Colline du Crêt a été aménagée en promenade publique. Au fil du temps, a été encerclée par les constructions.
Cette colline était aussi le lieu de rencontre de Madame Hanska et de Balzac. Ils s'asseyaient sur un banc de pierre qui a été par la suite déplacé sur l'esplanade de la Collégiale.
La grande maison qu'on distingue sur le tableau ci-contre est l'actuel bâtiment administratif de l’Ecole catholique.

Neuchâtel devait trouver de la place pour construire des bâtiments scolaires (Ecole de commerce, Université, Gymnase). On pensait qu’en rasant la colline, on arriverait à tout caser. Mais il fallait construire trop de bâtiments.
C’est le gymnase qui l’a remporté.
Avec les 19'000 m3 de matériaux, on a construit la rue des Falaises.
En avril 1950, la colline a vécu. Mais le cèdre du gymnase, lui, a heureusement survécu.

 

 
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© Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
mise à jour: 4 août, 2011